[Test] Linux Deepin

linux 21 oct. 2012

Bonjour à toutes/tous !

Premier article « made-in-Open-Freax », ça fait plaisir. La réimportation des quelques articles que j’ai pu récupérer avance gentiment, sur mon temps libre. Mais ce n’est pas pour m’écouter bavasser que vous êtes là. Aujourd’hui, j’ai essuyé les plâtres (et quels plâtres…) en testant pour vous une distribution Linux que je ne connaissais pas, Linux Deepin, repérée vendredi par @Zilkos. On a tout de suite senti que ça valait le détour. En particulier parce que cette distribution, basée sur Ubuntu, se revendique « Windows-ready », ou du moins « certifie » la compatibilité et la stabilité de certains logiciels propriétaires, allant des jeux à Adobe Photoshop en passant par Dreamweaver.

Sans oublier (ce serait dommage) la belle image de la page d’accueil, où on voit Deepin tourner sur un MacBook. Bref. C’est parti pour un peu de fun !

J’ai donc installé ça dans une machine virtuelle. L’installation complète depuis le LiveCD fait 2,9Go, ce qui n’est pas excessif à mon avis. On retrouve un certain nombre de logiciels présents par défaut sous Ubuntu. Au programme :

  • Firefox (en version…13. :mrgreen: )
  • Thunderbird (même version)
  • LibreOffice (version 3.5.3.2)
  • Un gestionnaire de photos
  • Le centre de contrôle de Gnome
  • 2 lecteurs (un pour la musique, un pour la vidéo) estampillés « Deepin », avec un certain nombre de skins tous à vomir, n’étant pas sans rappeler les avatars de base de Windows Live Messenger
  • un « Software Center » maison, skinnable lui ausi (re-vomis), ce qui n’apporte honnêtement pas grand chose à la fonction de base… et qui a priori ne permet pas d’ajouter des dépôts tiers.
  • NDISWrapper pour les pilotes sans-fil Windows
  • et d’autres choses bien sûr !
  • GNOME 3.4.1
  • kernel 3.2.0-26-generic

Quelques captures d’écran

Mon avis

Le « Software Center »

C’est un peu l’élément charnière mis en avant par le site officiel. Il est en soi plutôt joli, mais alors pour le reste… Au niveau de l’utilisation, c’est la désillusion totale. Pas d’outil pour ajouter/supprimer des dépôts tiers. On me propose 215 mises-à-jour : où est le bouton pour toutes les faire d’un coup ? Je me vois mal cliquer 215 fois sur le « upgrade » en regard du paquet associé…

Le support des logiciels Windows

Pas de secret ici : tout passe par Wine et à la limite Playonlinux. Rien, absolument rien n’est dû à la distribution elle-même : ce n’est que publicité mensongère. Les jeux qui passent bien avec Wine sous Ubuntu, Debian… comme Guild Wars se comportent bien là aussi. Et après avoir installé Photoshop CS5, je n’en arrive qu’à une conclusion : Deepin et moi n’avons pas la même notion de ce qu’est la stabilité. A moins que ces messieurs développeurs ne m’envoient leur configuration « custom » de Wine, je reste sur ce fait : « out-of-the-box », les applications citées comme fonctionnelles par le site officiel ne le sont pas. Et puis bon, si on quitte Windows/Mac, ce n’est pas pour installer Dreamweaver…

Le reste

Je suis un peu surpris par le contenu de l’installation par défaut. Flash Player, des codecs MP3 etc… qu’Ubuntu elle-même n’inclut pas pour des raisons de licence d’utilisation dans certains pays.

Je passe sur les paquets mal/pas traduits d’une quelconque langue asiatique.

Le système à lui seul utilise environ 165Mo de RAM, sans effets 3D et de transparence. Ceci dit, le processeur est actif en permanence (charge autour de 16%) avec des pointes à 25%.

Les paramètres système « avancés » n’ont d’avancé que le nom et ne permettent concrètement pas grand chose. On peut citer l’emplacement des boutons de fermeture des fenêtres, les extensions shell…

Un certain nombre des informations qu’Ubuntu met à disposition des débutants est absent. Ainsi, un utilisateur lambda ne saura pas quoi faire face à la demande de mot de passe au lancement du Software Center, à moins d’aller chercher dans l’aide, elle aussi traduite à la va-vite. Pareil pour installer un pilote Windows…

Conclusion

En 3 mots comme en 100 : nul à ch*er. Même pour un débutant. Là, c’est vraiment prendre l’utilisateur final pour un demeuré, et l’enfermer dans un nombre très restreint d’actions autorisées par l’OS. Des actions que je considère comme basiques (type tout mettre à jour d’un coup !) sont impossibles simplement, des outils certes moins simples mais essentiels (synaptic par exemple) ont été retirés. Apt-get est bien présent et est utilisable en ligne de commande via « sudo », mais encore faut-il le savoir. Et je doute fort que l’utilisateur qui migre tout juste depuis Windows ait envie d’éditer son sources.list depuis le terminal.

Les logiciels « maison » (le sont-ils vraiment, ou sont-ce des logiciels libres connus qui auraient changé de nom et de logo ?) sont incomplets (pas de gestion de la bibliothèque musicale comme Banshee le ferait), le lecteur audio démarre de base avec un panneau de paroles qu’on assimile clairement à un bandeau publicitaire, d’autant qu’aucun bouton de fermeture n’est apparent.

N’oublions pas les paquets « empruntés » à Ubuntu jusqu’au nom dudit paquet ! Ainsi, les modifications apportées par Canonical à Firefox sont intégrées à un paquet « ubufox ». Eh bien, sachez que sous Deepin, le paquet a le même nom et le même contenu, sauf que… la boîte de dialogue « A propos » de Firefox indique « deepin » au lieu d’Ubuntu.

Pour finir…

Si vous connaissez un peu le monde de Linux, savez installer un paquet ou au contraire avez envie de découvrir ce système d’exploitation, passez votre chemin : Linux Deepin n’est pas pour vous. En fait, j’ai du mal à voir à quel public cette distribution s’adresse. Je ne vois qu’Ordissimo pour concurrencer un tel niveau d’assistanat.

A côté, Ubuntu fait figure de système d’exploitation complet et fonctionnel (ce qui est le cas pour un grand nombre d’utilisateurs, malgré une « apple-isation » certaine). J’ai moi même fait mes premiers pas libres sous Mandrake puis Ubuntu : c’est une distribution pratique et adaptée au plus grand nombre, parfaite pour quitter le dangereux monde de Windows ou la cage dorée qu’est Mac OS. Je le répète, je ne vois aucun intérêt à proposer un équivalent à Ubuntu tellement fermé que ça en devient oppressant pour l’utilisateur final. A moins que la cible soit équipée d’un Mac : là, en effet, autant préférer un OS libre mais verrouillé de partout à un OS propriétaire aussi ouvert sur le monde extérieur qu’une moule sur son rocher.

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